Les COP, le GIEC, puissants outils ou machines administratives ?

Les états se sont dotés en 1992 d’une conférence cadre en charge de recueillir les informations sur le changements climatiques. Depuis cette date, des accords ont été signés et les gouvernements se rencontrent chaque année, mais pour quels résultats ? Les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais cessé d’augmenter et l’année 2018 s’annonce comme l’année la plus chaude (après 2017 et 2016) jamais enregistrée. Petit retour sur ces différentes organisations afin de mieux comprendre les enjeux qui se présentent à nous et nos capacités à y faire face.

Le GIEC

Créé il y a exactement 30 ans, le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur le Climat) rassemble des scientifiques du monde entier travaillant de façon bénévole pour évaluer l’état des connaissances scientifiques sur les questions climatiques. Depuis sa création, c’est plus de 2500 scientifiques qui ont contribué à l’élaboration des rapports.

Les membres du GIEC n’effectuent pas de recherche scientifique à proprement parler mais ils évaluent et synthétisent les travaux menés dans les laboratoires du monde entier. 5 rapports ont ainsi été rédigés depuis la création. Les derniers sont généralement assez denses (2000 à 3000 pages) et constitués de trois parties :

  • Eléments scientifiques,
  • Adaptation et vulnérabilité
  • Atténuation du changement climatique

Ces rapports sont très utilisés lors des COP (Conference of the Parties), ces rencontres annuelles des gouvernements dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC).

Schéma COP

L’Accord de Paris

Les COP ont lieu tous les ans, depuis leur création en 1995. Souvent peu médiatisées, elles sont destinées à suivre et mettre en œuvre les modalités pour répondre aux objectifs fixés lors de précédentes conférences.

La COP21 qui s’est déroulée à Paris en 2015 a été particulièrement médiatisée car à travers la signature de l’Accord, c’est 197 pays (195 à l’époque, La Syrie et le Nicaragua ayant signé plus tard) soit la totalité des pays présents à l’ONU qui ont reconnu la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre dans le but de contenir «l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et [à poursuivre] l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels».

Selon le scénario fait par le GIEC, cela doit se traduire par une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 70% à 80% d’ici la deuxième moitié du siècle et zéro émission en 2100 au plus tard.

Pourquoi 2°C ?

Le rapport du GIEC de 2014 intégrait plusieurs scénarios appelés RCP (Representative Concentration Pathways ou profils représentatifs d’évolution de concentration). Ceux-ci se  basent sur les facteurs d’émissions de GES d’origine humaine tels que« la taille de la population, l’activité économique, le mode de vie, la consommation d’énergie, le mode d’utilisation des terres, la technologie et la politique climatique ».

Le « RCP2,6 », qui est le scénario qui se base sur une atténuation stricte d’émissions de GES est celui qui a été retenu comme objectif lors de la COP21. Il s’agit d’ « un scénario visant un réchauffement planétaire qui demeurerait probablement inférieur à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels ». Il existe trois autres scénarios, deux sont basés sur des hypothèses de réduction intermédiaires et le dernier sur un scénario d’émissions très élevées. C’est donc le choix le plus ambitieux qui a été choisi au vue des conséquences déjà inquiétantes de ce scénario. En parallèle, les états ont même demandé au GIEC de travailler sur un scénario encore plus ambitieux qui permettrait de limiter à la hausse à 1,5 degrés.

C’est ce rapport qui est sorti en octobre 2018. La conclusion est que nous avons encore la possibilité de contenir la hausse des températures à 1.5 degrés avec des effets du réchauffement climatique fortement réduits pour certains pays. Cependant, les solutions présentées pour y parvenir passent par des changements rapides et une rupture par rapport à nos modes de vie actuels.

Ainsi, même si les résultats en terme de réduction effective d’émissions de GES se font attendre, les différentes actions menées depuis le Sommet de Rio auront dans tous les cas servi à nous fournir des données tangibles pour aider à la prise de décision. Le GIEC est aujourd’hui reconnu par tous les pays pour son analyse des faits et la qualité de ces rapports qui sont pris très au sérieux. Nos gouvernements ont désormais les informations pour s’orienter vers la transition énergétique et les actions menées à l’échelle d’un pays sont souvent les plus efficaces. Ces actions demandes par contre du temps avant d’être mises en place, raison pour laquelle certains acteurs ont déjà fait le choix d’agir à leur niveau. C’est le cas de certaines villes, comme Nantes en France ou Hambourg en Allemagne, qui ont déjà mis en place des politiques de réduction de leur GES ou encore des citoyens qui multiplient les actions au niveau locales pour tenter d’améliorer la situation.

Si la solution unique n’existe pas alors chacun peut aujourd’hui jouer un rôle et participer.


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